top of page

Accueil > Éditorial > Vous êtes ici > Portrait ; Christel, la femme qui murmurait à l'oreille des alpagas

PORTRAIT ; CHRISTEL, LA FEMME QUI MURMURAIT AÌ€ L’OREILLE DES ALPAGAS

J’aurais adoré pouvoir aller à la rencontre de Christel comme je l’ai fait avec Axelle, dans son élevage et sous le soleil tiède de juin. À planning différent, organisation différente, c’est à l’autre bout du fil que j’ai eu la chance de faire la connaissance de Christel, éleveuse et propriétaire des Alpagas de KerLA qui fournit une partie des laines de La Maison de la Maille. Après des débuts timides (à croire que c’est commun aux éleveuses de camélidés) la conversation est devenue rapidement aussi fluide que chaleureuse.

Christel Chipon, alpagas de KerLa

Le récit n’est pas banal.


Dès son plus jeune âge, Christel se passionne pour les chevaux et grandit avec cet amour qui ne la quitte pas. Alors que beaucoup se fantasment dans les grandes villes, c’est à la campagne qu’elle se projette, entourée de ses équidés et avec l’envie brûlante de créer sa propre écurie de propriétaires. Un rêve qui, comme beaucoup, sera d’abord rangé au placard, faute de moyens et d’un soutien familial suffisant pour se lancer dans ce projet de vie hors des clous. Dans un registre plus ordinaire mais néanmoins passionnant, c’est le chemin des études d’histoire que décide d’emprunter la jeune bretonne qui en sort diplômée et devient alors professeure pendant 25 ans. « J’ai beaucoup aimé mon métier, j’ai fait énormément de choses mais j’ai aussi fini par ne plus y trouver ma place. Et un rêve, quand on l’a toujours eu, c’est impossible de l’oublier ».
 

45 ans et le besoin presque vital de changer de vie, ou de vivre celle qu’elle a toujours souhaité vivre, finalement. Christel démissionne de son poste de professeure, comme un saut dans le vide avec aucun filet mais avec en tête toujours d’avoir une ferme et des chevaux. Bien décidée à ne pas renoncer à ses rêves, Christel lance les recherches (qui s’avéreront bien plus complexes que prévu) et finit par s’installer dans le Maine- et-Loire au sein d’une ferme de location en attendant de trouver le domaine idéal à acheter.


Les lamas ? Christel ne s’y est jamais vraiment intéressée avant de faire leur connaissance au détour d’un moment passé chez des amis. Là, c’est le coup de foudre, si bien qu’ils réussiront même la prouesse de faire vaciller le cœur de la douce éleveuse ; « il s’est passé quelque chose de spécial, je me suis tout de suite sentie bien avec eux. J’ai donc commencé l’élevage avec mes chevaux et quelques lamas. C’est plus tard que j’ai décidé d’intégrer les alpagas. J’aime filer la laine donc ça a été un peu comme une évidence pour moi ».


Où ? La Bretagne comme objectif premier mais qui, après une tentative d’achat avortée, tombe à l’eau. « Je suis bretonne d’origine, je rêvais d’une ferme en Bretagne dans le Finistère. Je l’ai trouvée mais je n’ai pas eu les autorisations pour les aménagements. Je me suis donc retrouvée en Mayenne par le plus grand des hasards. ».


Déracinée et seule dans son projet d’élevage, Christel ne baisse pas les bras pour autant et se lance dans trois années intenses de travaux pour arriver à transformer sa ferme en exploitation correcte. Un chantier conséquent et éreintant dont elle réalise l’ampleur aujourd’hui lorsqu’elle regarde au-dessus de son épaule.  Dix ans après, c’est la satisfaction personnelle qui parle.


« Je suis extrêmement bricoleuse et débrouillarde, ça ne me faisait pas peur d’être seule. J’ai pris une ferme à l’abandon, j’ai dû tout gérer en grande partie moi-même, il a fallu tout casser. Quand on est face à ça on ne se rend pas tellement compte, on attaque et on y va par petit bout. Heureusement d’ailleurs que je ne réalisais pas la charge que ça allait représenter sinon je crois que je ne l’aurais pas fait. En dix ans j’ai réussi à créer quelque chose de vraiment différent et j’ai la satisfaction de me dire que j’ai réussi à faire ça de mes mains. »


Je les ai rencontrés moi, les alpagas. Pas ceux de Christel, mais ceux d’Axelle. Oui, ils sont absolument irrésistibles et je comprends sans aucune difficulté qu’ils puissent provoquer un tel attachement. Oui, ça fait envie cette reconversion à la campagne, au milieu des animaux et de la nature. Mais, c’est sans connaitre les contraintes liées à la gestion d’une exploitation animale. Avoir un élevage c’est faire des bisous dans le cou de Cali (je n’ai pas guéri de mon obsession) et lui gratter le dos mais c’est aussi la solitude, le travail non-stop, les responsabilités, les tâches épuisantes physiquement. De quoi me donner la force d’admirer sans relâche et jusqu’à mon dernier souffle (c’est beau) l’abnégation de nos deux éleveuses.


« Je suis seule sur l’exploitation et je dois admettre que ça n’est pas toujours facile. Je suis en permanence bloquée à la ferme, je n’ai pas pris de vacances depuis dix ans et il m’est impossible de m’absenter de l’élevage ne serait-ce qu’une journée si je n’ai personne pour m’aider. Socialement c’est compliqué, ça isole. » Pour autant et malgré les difficultés, Christel ne regrette en rien sa vie d’avant et ne se voit pas faire autre chose. « J’aime vivre avec mes animaux, c’est un choix et j’avais conscience de ce à quoi je m’engageais. J’ai une vie qui me convient parfaitement et même si certains considèrent que c’est de l’esclavage, je suis fière de lui avoir donné un sens. »


Et puis quelle réussite surtout !


Dix ans d’élevage, de labeur, de courage et de passion qui font aujourd’hui de la ferme une affaire qui tourne. Mais parce qu’elle n’est pas du genre à se reposer sur ses acquis, Christel continue de tout mettre en œuvre pour faire évoluer l’exploitation et proposer de nouvelles choses pour familiariser les gens avec les alpagas qui sont encore selon elle trop méconnus. Fière de son cheptel de qualité et des compétences acquises au fil des années, l’éleveuse que je n’arrête plus (il va pourtant falloir que je raccroche un jour) m’explique que son objectif aujourd’hui est de travailler sur la finesse de fibre des alpagas et sa durabilité. Une raison sans doute essentielle à sa collaboration étroite avec La Maison de la Maille.


Avis aux curieux, Christel l’infatigable propose aussi des stages au sein de l’élevage pour découvrir l’univers des alpagas et le filage. « Depuis 2015 je propose des stages, j’ai un atelier laine dans lequel je filais ma laine déjà avant de m’installer, j’y donne des cours de connaissance de la laine et de filage sur deux jours. Je fais aussi des stages sur la connaissance des alpagas. Ma formation d’enseignante et d’historienne m’a servie car je suis très curieuse, je me suis donc beaucoup renseignée sur l’alpaga. Ça fait aujourd’hui partie de mon activité de me former au maximum. Ma prochaine formation ? Dans 10 jours, co-animée avec mon vétérinaire sur les soins aux alpagas ».


Les aiguilles de l’horloge tournent et Christel semble tellement aimer partager sa passion que je n’ai aucune envie de l’arrêter. Nous échangeons deux trois mots d’au revoir, chaleureux toujours, et puis je raccroche. Riche de toute cette ferveur véhiculée par l’amour de Christel pour son métier et surtout très admirative.
Existe-t-il quelque chose de plus noble que de réussir à prendre le chemin qui est vraiment le nôtre, sans jamais douter et en faisant fi des obstacles ? À méditer.
Moi, cette personne foutue d’annuler un rdv de boulot juste parce qu’il pleut trop dehors ou que je ne me suis pas lavé les cheveux.


Article écrit par Laura Isaaz

Alpaga.jpg

D’où vient-il ? Que fait-il ? Comment est sa toison ? Est-il gentil, propre et sociable ? Nous avons étudié de près les différentes caractéristiques de l’alpaga afin de vous en dire un peu plus sur cette espèce animale encore assez peu connue en Europe. Sa fibre étant très utilisée dans la fabrication de nos produits La Maison de la Maille, il nous semblait essentiel de mettre en lumière les 10 traits les plus importants (et surprenants sans doute) de sa personnalité.

Lire la suite

Pourquoi doit-on tondre les Alpagas.jpg
bottom of page